L'énergie des étoiles
(Lien "Soleil" / Réchauffement Planétaire)
Les étoiles émettent sans cesse une énergie qui semble quasi infinie ! D’où tirent-elles une telle quantité d’énergie ? Tout "simplement" de leur masse ! Tout "simplement" ... certes , mais de manière plutôt renversante quand on admet que le monde est divisé en deux parties séparées et opposées : la matière et l’énergie !
Transformer un proton en neutron et amener deux protons à fusionner sont des processus presque totalement improbables , pourtant , ils sont à l'origine des transformations nucléaires qui se produisent sans cesse au sein d'une étoile ! Un autre point tout aussi renversant : le mécanisme complexe de cette production, qui comprend un grand nombre de réactions physiques en chaîne, est piloté spontanément par les lois de la matière, lois qui mènent à la formation de toutes les sortes d’atomes et de tous les éléments chimiques. C’est la fusion nucléaire qui est la réaction physique, fondement de l’énergie entraînant l’émission de rayonnement par le soleil et les étoiles. En fusionnant, les noyaux atomiques transforment une partie de leur masse inerte en énergie rayonnée selon la formule bien connue E = mc² où E est l’énergie rayonnée, m la masse transformée et c2 la vitesse de la lumière au carré. En effet, le noyau formé de l’union de deux noyaux atomiques est d’une masse inférieure à la somme des deux noyaux. La masse perdue a été transformée en énergie ! Et on va voir que tous les mécanismes de la matière, qui obéissent aux lois de la physique, sont tout aussi renversants pour le bons sens. Pour s’en tenir au seul processus par lequel quatre noyaux d’hydrogène (protons) fusionnent pour donner un noyau d’hélium, la première réaction de la chaîne sans laquelle toutes les autres ne pourraient pas s’actionner, on peut faire le constat suivant : un proton a une masse atomique de 1,008, et un noyau d’hélium une masse de 4,004 (toujours en unités atomiques de masse) ; or, si l’on pose 1,008 X 4, il vient 4,032. Le noyau d’hélium a donc une masse inférieure à celle des "ingrédients" qui servent à le construire ! La chaîne de réactions nucléaires PP (proton-proton)
Le processus essentiel qui donne son énergie aux étoiles est celui par lequel quatre protons donnent de l’hélium mais ce processus ne peut se faire d’un seul coup car faire se rencontrer quatre protons en une seule fois est quasiment impossible ! Et même pour faire se rencontrer deux protons, il faut bien des hasards et des conditions bien particulières pour que la probabilité ne soit pas proche de zéro car deux protons se repoussent par leurs charges positives ! L’étoile est une manifestation éclatante de l’unité des contraires : "masse inerte" et "énergie". La masse est gravitationnelle , donc elle concentre. L’énergie est rayonnante , donc elle est expansive. Et ce n’est pas la seule contradiction dialectique que dévoile le mécanisme des étoiles. Il y a aussi l’opposition entre neutron et proton. Comme on le voit les étoiles nous éclairent … sur les modes de fonctionnement de l’univers et sur leurs mécanismes dialectiques ! Si les étoiles peuvent réaliser leur alchimie, et il s’agit bien de cela puisqu’il y a transmutation des éléments chimiques à partir de l’hydrogène, c’est parce que la matière n’est pas figée dans des éléments chimiques séparés et opposés mais dans des structures provisoires capables de passer de l’une à l’autre. C’est justement la mutation du proton qui est le fondement des réactions en chaîne des étoiles puisque sans la mutation d’un proton en neutron, il est impossible d’avoir une fusion entre un proton et un neutron qui donne le Deutérium et lance les réactions nucléaires en chaîne des étoiles. Or neutron et proton pouvaient sembler deux particules différentes et, en un certain sens, opposées mais symétriques. Et ce n’est pas tout : les changements possibles sont multiples. Il y en a de plus probables que d’autres mais il n’y a qu'une seule réaction possible. C’est le produit d’une matière qui n’est pas dans un état unique mais dans une superposition d’états potentiels qui ont des probabilités diverses. Plusieurs histoires possibles mais pas n’importe lesquelles ni avec n’importe quelles probabilités ! La matière est sans cesse changeante, sans cesse agitée mais elle ne cesse jamais d’obéir aux lois de la physique. La matière n’existe jamais sans agitation, sans transformations, sans interactions, sans énergie et l’énergie n’existe jamais sans une certaine forme de matière, fût-ce les particules d’interactions, fût-ce la matière virtuelle du vide. Le commun des êtres humains ignore que l’étoile est dialectique tout autant que le proton lui-même. Le bon sens affirme que les masses s’additionnent, que la matière ne se perd pas, qu’elle ne disparaît jamais, que l’énergie ne disparaît jamais… L’étoile prouve exactement le contraire. Le point de vue du bon sens sur l’étoile est de penser qu’elle ne fait que consommer de l’énergie en brûlant de la matière ! Nous allons maintenant entrer dans une description plus détaillée des processus qui peut paraître un peu technique ! ____________________________________________________________________ - Le démarrage des réactions -
La réaction de fusion des protons est la suivante : (1) Proton + proton = deutérium + positron + neutrino Le noyau de deutérium formé contient un proton plus un neutron. Il a donc fallu transformer un proton en neutron ! La fusion de deux protons est la moins probable des réactions de la chaîne de réactions qui fonde l’énergie stellaire. La deuxième étape de la chaîne est une autre fusion : (2) Deutérium + proton donne un isotope de l’hélium appelé hélium trois (composé de deux protons et d’un neutron) + un photon gamma. La réaction la plus probable avec de l’hélium trois est la suivante : (3) Hélium 3 + hélium 3 donne hélium 4 (le noyau de l’atome stable d’hélium) + deux protons. La somme de ces trois différentes réactions est la suivante : (4) Proton + proton + proton + proton donne un "hélium 4" + deux antiélectrons (positrons) + deux neutrinos + deux photons gamma. Dans le Soleil, par exemple, cette réaction se produit cent milliards de milliards de milliards de milliards de fois par seconde, et elle émet une énergie considérable qui nous éclaire et nous réchauffe ! Le soleil perd ainsi 4,5 millions de tonnes de "matière" par seconde qui sont transformés en énergie ! __________________________________________________________
- Les chaînes de réactions -L’hydrogène est le carburant majeur des étoiles et sa fusion est le premier maillon de la chaîne de "nucléosynthèse". 1.) le cycle proton-proton permet de transformer de l’hydrogène en "4He". Les moins massives des étoiles ne vont généralement pas plus loin , mais dans les étoiles de masse intermédiaire, on assiste encore à la fusion des noyaux d’hélium-3 apparus au terme de séquences parallèles.
2.) le cycle CNO (Carbone-Azote-Oxygène) qui se produit à plus haute température . Globalement, la réaction de fusion de l’hydrogène peut s’écrire de la manière suivante : Quatre protons donnent un Hélium 4 + deux positrons (antiélectrons) + deux neutrinos + de l’énergie. La première étape implique la fusion de deux noyaux d’hydrogène 1H, ou protons en deutérium 2H avec émission d’un positron, l’un des protons étant changé en neutron, et d’un neutrino. Surmonter la répulsion électrostatique entre les deux noyaux d’hydrogène exige une grande quantité d’énergie cinétique de la part des noyaux initiaux, et de plus il faut qu’il y ait une interaction faible durant l’instant du contact entre les 2 protons, transformant l’un d’eux en neutron, sinon ils se séparent. 1H + 1H → 2H + e+ + νe + 0,42 MeV ( Méga électron-volts ) Le positron s’annihile immédiatement avec l’un des électrons d’un atome d’hydrogène et leur masse-énergie est évacuée sous forme de deux photons gamma. e+ + e- → 2γ + 1,02 MeV PP1 : 3He +3He → 4He + 1H + 1H + 12,86 MeV PP2 : 3He + 4He→7Be + γ 7Be + e-→7Li + νe 7Li + 1H→4He + 4He La chaîne PP2 est dominante à des températures de l’ordre 14-23 millions de kelvins. PP3 : 3He + 4He→7Be + γ 7Be + 1H→8B + γ 8B→8Be + e+ + νe 8Be→4He + 4He À cette époque, la température du Soleil était considérée comme trop faible pour surmonter la barrière coulombienne ; mais après le développement de la mécanique quantique, on découvrit que l’effet tunnel permettait aux protons de franchir cette barrière à une température plus basse que celle prédite par la mécanique classique !
Deux autres réactions permettent la transformation d’hélium en éléments plus lourds :1) Fusion de deux noyaux d’Hélium 4 donne un noyau de Béryllium plus du rayonnement gamma2) Bérylium fusionne avec hélium 4 pour donner du Carbone et du rayonnement gammaLa réaction n° 2 a posé un problème à première vue insoluble. Pour tenter de résoudre ce problème, "Fred Hoyle" avait suggéré que la réaction entre le 4He et le 8Be devait être en résonance avec un niveau d’énergie inconnu du 12C. Quelques années après cette prédiction, des mesures en laboratoire ont montré qu’effectivement, cet état excité existait ! À la fin de la phase de fusion de l’hélium, le cœur de l’étoile est donc composé majoritairement de carbone 12C et d’oxygène 16O. La fusion du carbone s’amorce quand la température au cœur de l’étoile dépasse le milliard de kelvins. 1. Carbone + Carbone = Sodium + un proton 2. Carbone + Carbone = Néon + une particule alpha 3. Carbone + Carbone = Magnésium + un neutron Si la température du cœur de l’étoile reste proche du milliard de degré, les deux premières réactions sont favorisées. Lorsque celle-ci dépasse 1,2×109, les atomes de néon ont suffisamment d’énergie pour que leur fusion ait lieu. 1.) Néon + rayonnement gamma = Oxygène + particule alpha 2.) Néon + particule alpha = Magnésium + rayonnement gamma La combustion du carbone et du néon produit aussi des neutrons par les réactions suivantes : 1.) Carbone + Hélium 4 = Oxygène + un neutron 2.) Néon + Hélium 4 = Magnésium + un neutron Lors du processus "S" (nucléosynthèse de neutrons par des noyaux atomiques pour produire des éléments lourds à partir d'éléments légers) , les neutrons produits par ces réactions sont absorbés par des noyaux qui augmentent ainsi leur nombre de nucléons. La phase suivante fait intervenir cette fois les atomes d’oxygène. La dernière contraction du cœur de l’étoile a conduit celui-ci à atteindre une température de plus de 2 milliards de kelvins. À cette température, les atomes d’oxygène fusionnent, et cinq principales réactions ont lieu : 1. Deux Oxygènes fusionnent pour donner un Silicium plus une particule alpha plus 9,594 MeV 2. Deux Oxygènes fusionnent pour donner un Phosphore plus un proton plus 7,678 MeV 3. Deux Oxygènes fusionnent pour donner un Soufre plus un neutron plus 1,500 MeV 4. Deux Oxygènes fusionnent pour donner un Silicium plus deux protons plus 0,381 MeV 5. Deux Oxygènes fusionnent pour donner un Phosphore plus du Deutérium plus 2,409 MeV Alternativement : 1. Deux Oxygènes fusionnent pour donner un Soufre et un rayonnement gamma 2. Deux Oxygènes fusionnent pour donner un Magnésium plus deux particules alpha Les particules alpha, les neutrons et les protons libérés lors de ces réactions ont suffisamment d’énergie pour participer à la synthèse d’autres éléments. On va donc voir apparaître lors de cette phase un grand nombre d’éléments, tels que le chlore, l’argon, le potassium, le calcium, le titane, etc. Une fois l’oxygène épuisé, se termine la dernière phase de fusion d’éléments au cœur de l’étoile : la fusion du silicium. Nous sommes là dans les tout derniers moments de la vie d’une étoile. Elle n’a plus que quelques heures à vivre. Le cœur s’est à nouveau contracté, et cette fois-ci, la température atteint près de 3 milliards de kelvins. Lorsque la quantité de fer est trop importante dans le cœur, et la quantité de silicium trop faible pour soutenir la pression de radiation produite par la fusion, l’étoile est à la toute fin de sa vie. La fusion du fer est endothermique, ce qui signifie que la fusion du fer va prendre de l’énergie au milieu, et non pas en fournir. C’est lors de cette explosion que tous les éléments plus lourds que le fer sont synthétisés selon deux processus, le processus "R" (addition rapide de neutrons) et le processus "RP" (addition rapide de protons). Durant cet effondrement, de nombreuses autres réactions de fusion et de fission partielle vont se produire et former les isotopes les plus lourds (comme le plomb, l’or, le platine, l’uranium, etc.) immédiatement avant d’être propulsés hors de l’étoile sous l’effet de l’onde de choc centrifuge. La masse totale de l’étoile joue un rôle critique dans la nature des éléments formés, à cause de la quantité de neutrons nécessaire à ces fusions et produits par les désintégrations secondaires. C'est pour toutes ces raisons qu'il est extrêmement difficile de reproduire le processus en laboratoire ! Fabriquer de l'énergie pour la consommation humaine à partir du procédé de "fusion" d'atomes équivaut à tenter de "mettre une étoile en bouteille" ! Mais , le projet "ITER" avance ...
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Commentaires (1)
- 1. | 17/11/2017
A défaut d'une autre adresse, j' essaye de vous joindre via le blog.
Je viens de lire un article qui me laisse perplexe.
Il évoque la possibilité d'une explosion nucléaire dans le cas de Tchernobyl...
Jean-Paul Fritz - L’Obs - vendredi 17 novembre 2017
Tchernobyl: l'explosion était-elle nucléaire?
Qu'en penseriez vous ?
Pour un profane, il ne parait pas impossible que l'explosion chimique puisse compacter suffisamment de masse pour obtenir une fission .....
Amicalement, daniel